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  • Biographie de Milena Jesenská



    Milena Jesenská

    Milena JesenskáNé le : 10/08/1896
    Décédé le : 17/05/1944

    Milena Jesenská (1896-1944). née le 10 août 1896 à Prague et morte 17 mai 1944 à Ravensbrück en Allemagne, est une journaliste, écrivaine et traductrice tchécoslovaque.
    En 1919, elle découvrit par hasard une nouvelle de Franz Kafka et lui écrivit pour lui demander l'autorisation de la traduire. Ce fut le début d'une correspondance passionnée. Jesenská et Kafka ne se rencontrèrent que deux fois : quatre jours à Vienne et un jour à Gmünd. Finalement, en novembre 1920, Kafka mit fin à leur relation parce que Jesenská ne voulait pas se séparer de son mari, ce qui mit fin également à leur correspondance. Tous deux sentaient qu'il n'y avait pas d'avenir pour eux, surtout à cause des angoisses maladives de Kafka. Elle traduisit cependant plusieurs nouvelles de lui.
    Après l'occupation de la Tchécoslovaquie par l'armée nazie, Milena Jesenská entra dans une organisation de résistance militaire secrète. La Gestapo l'arrêta en novembre 1939. L'année suivante, elle fut déportée au camp de concentration de Ravensbrück, où elle travailla comme infirmière et apporta un soutien psychologique et moral aux autres prisonniers. C'est là qu'elle rencontra Margarete Buber-Neumann, avec qui elle se lia d'amitié et qui sera plus tard sa première biographe. Elles se soutinrent mutuellement pendant cet internement. Milena Jesenská mourut dans le camp de Ravensbrück en 1944.



    Crédit Photo
    Par Inconnuhttp://www.yadvashem.org/yv/en/righteous/stories/jesenska.asp, Domaine public, Lien

    À Milena furent adressées des lettres d'amour qui sont parmi les plus belles de ce siècle. Leur auteur : Franz Kafka. Sa vie, Margareth Buber-Neumann l'a racontée après avoir rencontré cette héroïne de notre temps à Ravensbrück, où Milena mourut le 17 mai 1944. Si son prénom et sa trajectoire appartiennent désormais à l'histoire, son œuvre a rarement été lue et entendue. Journaliste pendant vingt ans (de 1919 à 1939), elle a signé un grand nombre de chroniques et d'essais ici réunis. Elle s'y révèle un témoin d'une lucidité exceptionnelle, sensible à tout ce qui, dans « l'air du temps », rend la vie digne d'être vécue, malgré les menaces qui pèsent alors sur le siècle. Vivre est le livre d'un écrivain qui dévoile la fervente volonté d'une femme de s'inscrire dans l'Histoire.



    Une belle lettre de déclaration d'amour de Kafka à Milena Jesenska :

    « Cela fait déjà bien longtemps Madame Milena, que je ne vous ai plus écrit, et, aujourd’hui encore, je ne le fais que par suite d’un hasard. Je n’aurais pas au fond à excuser mon silence, vous savez comme je hais les lettres.
    Tout le malheur de ma vie - je ne le dis pas pour me plaindre mais pour en tirer une leçon d’intérêt général - vient, si l’on veut, des lettres ou de la possibilité d’en écrire. Je n’ai pour ainsi dire jamais été trompé par les gens, par des lettres toujours ; je veux dire, non pas par celles des autres mais par les miennes. Cela représente pour moi un malheur personnel sur lequel je ne veux pas m’étendre, mais c’est aussi un malheur général.
    La grande facilité d’écrire des lettres doit avoir introduit dans le monde - du point de vue purement théorique - un terrible désordre des âmes : c’est un commerce avec des fantômes, non seulement avec celui du destinataire, mais encore avec le sien propre ; le fantôme grandit sous la main qui écrit, dans la lettre qu’elle rédige, à plus forte raison dans une suite de lettres où l’une corrobore l’autre et peut l’appeler à témoin.
    Comment a pu naître l’idée que des lettres donneraient aux hommes le moyen de communiquer ? On peut penser à un être lointain, on peut saisir un être proche : le reste passe la force humaine. Écrire des lettres, c’est se mettre nu devant les fantômes ; ils attendent ce moment avidement.
    Les baisers écrits ne parviennent pas à destination, les fantômes les boivent en route. C’est grâce à cette copieuse nourriture qu’ils se multiplient si fabuleusement.
    L’humanité le sent et lutte contre le péril ; elle a cherché à éliminer le plus qu’elle pouvait le fantomatique entre les hommes, elle a cherché à obtenir entre eux des relations naturelles, à restaurer la paix des âmes en inventant le chemin de fer, l’auto, l’aéroplane ; mais cela ne sert plus de rien (ces inventions ont été faites une fois la chute déclenchée) ; l’adversaire est tellement plus calme, tellement plus fort ; après la poste, il a inventé le télégraphe, le téléphone, la télégraphie sans fil. Les esprits ne mourront pas de faim, mais nous, nous périrons...»


    D'autres lettres de Kafka à Milean Jesenska